de raison, et si peu de fièvre extérieure, que je ne pouvois comprendre qu’il allât mourir : il avoit même une facilité à cracher qui donnoit de l’espérance à ceux qui ne savent pas que c’est une marque de la corruption entière de toute la masse du sang[1], qui fait une génération perpétuelle, et qui fait enfin mourir. Je trouvai cette amitié, cette douceur, cette reconnoissance en ce pauvre malade, et par-dessus tout ce regard continuel à Dieu, et cette unique et adorable prière à Jésus-Christ, de lui demander miséricorde par son sang précieux, sans autre verbiage. Je trouvai les deux hommes admirables qui ne le quittent plus[2]. On dit le Miserere ; ce fut une attention marquée par ses gestes et par ses yeux ; il avoit répondu à l’Extrême-Onction, et en avoit demandé la paraphrase à Monsieur de Saint-Jacques ; enfin, à neuf heures du soir, il me chassa, et me dit en propres paroles adieu[3]. Le P. Morel y demeura, et j’ai su qu’à minuit il eut [4] une horrible vapeur à la tête : la machine se démontoit ; il vomit ensuite toujours, comme si c’eût été un soulagement[5] ; il eut une grande sueur, comme une crise, ensuite un doux sommeil, qui ne fut interrompu que[6] par le P. Morel, qui le tenant embrassé (et lui, répondant[7]
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(Ibidem.)
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- ↑ 3. « De la masse du sang. » (Édition de 1784.)
- ↑ 5 « qui ne le quittaient plus » (Éditions de 1737 et de 1754.) Au commencement de cette phrase et de la suivante, il v a trouve dans le manuscrit. Mme de Sévigné avait sans doute écrit, selon sa coutume, tronvé, pour trouvai.
- ↑ 6. et me dit en dernières paroles le dernier adieu (Ibidem)
- ↑ 7. « Qu’à minuit le malade eut, etc. ('Ibidem.)
- ↑ 8. « Il vomit ensuite, comme si c’eût été encore un soulagement. »
- ↑ 9. Le que est omis dans le manuscrit (Ibidem).
- ↑ 10. « Tandis qu’il répondoit. » (Édition de 1737.) « Et le mourant répondant. » (Édition de 1754.)