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t£OI. DE MADAME DE SẺVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU COMTE DE BUSSY RABUTTN.

Un mois après que j’eus écrit cette lettre à Mme de Sévigné (n°1087, p. 259), je reçus celle-ci d’elle

A Paris, ce 9è décembre 1688.

DE MADAME DE SÉVIGÏŒ.

Vous voilà donc revenu de votre comté ? vous avez quitté les vieux châteaux de Coligny et de Cressia, pour revenir à vos belles maisons de Bussy et de Chaseu. Au reste, je vous remercie d’avoir si aisément compris l’occupation que j’avois pendant le siège de Pliilisbourg [1]; il a fallu encore donner toute mon attention à Manheim et à Frankendal. J’ai même tremblé d’un éclat de bombe qui a aplati [2] la garde de l’épée du petit Grignan sur sa hanche. Il falloit que ce coup fut bien mesuré; car entre la contusion et être tué, il y avoit fort peu à dire. Ainsi, mon cher cousin, c’étoit une affaire que de me tirer de tous ces embarras. Présentement je suis tout à fait en repos. Ce petit de Grignan est revenu; il a eu le plaisir, aussi bien que nous, de voir des marques du souvenir du Roi dans le nombre des chevaliers que Sa Majesté va faire le premier jour de l’an. M. de Grignan en est, quoique absent; mais comme il est à son devoir en Provence avec ma fille, il étoit justement où il falloit qu’il fut. Il a même la permission de ne point venir, qui est une grande peine (avec la santé délicate qu’il a présentement), et une grande dépense épargnée. Enfin, il y a eu

  1. Lettre 1101.1. Voyez la lettre de Bussy du 14 novembre précédent, p. 259.
  2. 2. Bussy, dans sa copie, avait d’abord écrit J’ai même permis à un éclat de bombe d’aplatir, etc. »