Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/353

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jamais il n’a mieux pensé ; mais pourquoi entend-il des tons ironiques sur les louanges que je lui donne ? Quoi ? moi, je serois capable d’imaginer que tout ce qu’il pense et tout ce qu’il a jamais pensé ne fût pas admirable[1] ! Je me plains à mon tour, et en attendant que cette querelle soit vidée, je l’embrasse de tout mon cœur. Voilà ce qui nous l’a gâté ; car malgré tant d’orages et tant de naufrages[2], on l’aime toujours.s

Mme de Broglio [3]croit qu’elle s’en va demeurer avec vous, parce qu’elle va en Languedoc. Nous ne savons point encore la destinée de la Trousse, nous n’en sommes point en peine : il sera le plus joli des chevaliers ;[4] je le verrai chez lui. Si M. de Grignan avoit été de la cérémonie, j’aurois souhaité de la voir pour être témoin de sa parfaite bonne mine.

Le roi d’Angleterre est toujours trahi, même par ses propres officiers : il n’a plus que M. de Lauzun[5] qui ne le quitte point. Il y aura un parlement on espère à un tiers parti, qui ne voudra point du prince d’Orange. Le petit prince est en sûreté jusqu’ici à Portsmouth[6]. Que dites-vous de cette nation angloise ? [7]

  1. 12. « Je serois capable de pas trouver admirable tout ce qu’il pense et tout ce qu’il a jamais pensé ! » (Édition. de 1754.)
  2. 13. « Tant d’orages et de naufrages. » (Ibidem''.)
  3. 4. Voyez ci-dessus, p. 332, note 17.
  4. 15. Le marquis de la Trousse était compris dans la dernière promotion.
  5. 16. Lauzun, comme le dit plus loin Mme de Sévigné (p. 352), était depuis cinq ou six semaines en Angleterre.
  6. 17. C’était un faux bruit : voyez ci-après la lettre du 24 décembre, p. 351.
  7. 18 L’édition de 1818 donne ici un billet de Mme de Sévigné au président de Moulceau, qui est daté du 22 décembre sans indication d’année, nous le renvoyons à la fin de la correspondance, parmi les lettres de date incertaine.