Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

37O

là, c’est comme on fait dans toutes les conversations ; car tout le monde se fait une affaire particulière de cette grande scène. La reine est encore à Boulogne dans un couvent, pleurant sans cesse et se désespérant de ne point voir[1] son cher mari, qu’elle aime passionnément. On ne parle non plus de Mme de Brinon que si elle n’étoit pas au monde . [2]. On parle d’une comédie Esther, qui sera représentée à Saint-Cyr[3]. Le carnaval ne prend pas le train d’être bien gaillard. Mon fils m’écrit toujours bien tendrement pour vous et pour M. de Grignan ; il a sa part de la réverbération[4] Nous attendons vos lettres; mais peut-être n’y répondrons-nous que lundi. Nous avons de grandes conversations, Monsieur le chevalier et moi, sur votre sujet il se porte assez bien, et quand votre enfant sera de retour de Chatons, il compte le mener à Versailles. Voilà le bon Corbinelli qui s’épuise en raisonnements sur les affaires présentes, et qui vous adore. Adieu, ma très-aimable je vous embrasse mille fois, et vous souhaite une heureuse année 89.

  1. 11. «  Pleurant sans cesse de ne point voir, etc. » (Édition, de 1754)
  2. « Mme de Brinon est tout à fait oubliée, » (Ibidem.) Voyez ci-dessus, p. 318, note 5
  3. 13. La première représentation d’Esther, à Saint-Cyr, eut lieu le 26 janvier suivant : voyez le Journal de Dangeau, à cette date, et la note des éditeurs. Le 7 janvier, « le Roi, après son dîner, entendit chez Mme de Maintenon, pour la seconde fois, la répétition de la tragédie d’Esther avec la symphonie ; Monseigneur et Monsieur le Prince y étoient. » (Même journal.)
  4. 14. Ce dernier membre de phrase manque dans l’édition de 1764; tout ce qui suit, jusqu’à « Adieu, etc., » n’est pas dans le texte de 1737.