Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/388

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sophie et de votre christianisme me paroissent de si véritables biens et si dignes d’estime, que je ne sais pas si ce ne seroit point une matière plus raisonnable de vous faire des compliments, que de toutes les grâces passagères que l’on peut recevoir dans le monde Cependant, comme ce n’est pas la coutume, je me contenterai de vous louer et de vous admirer, et je n’appuierai mes compliments que sur les grâces que le Roi a faites à Messieurs vos enfants. Je vous en aurois parlé plus tôt si je l’avois su; mais je suis au bout du monde, et la situation de la Provence n’est que trop faite pour me justifier à tous ceux qui n’entendent point parler de moi dans les occasions où ils savent bien que je ne garderois pas le silence. Ne m’en croyez donc pas moins sensible à ce qui vous arrive, puisque personne ne peut vous honorer plus que je fais. Je suis bien fâchée que le mal de Mme de Coligny à ses yeux me fasse manquer une de ses lettres. Je vous supplie de la remercier de l’intention qu’elle a eue de m’écrire et de sa joie. M. de Grignan vous rend mille grâces de votre compliment, et il vous fait les siens.

IIl8. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce mercredi 5e janvier.

Je menai hier mon marquis avec moi nous commençâmes par chez M. de la Trousse, qui voulut bien avoir la complaisance de se rhabiller, et en novice et en profès, comme le jour,de la cérémonie ces deux sortes d’habits sont fort avantageux aux gens bien faits. Une pensée frivole, et sans regarder les conséquences, me fit regretter que la belle taille de M. de Grignan n’eût point brillé