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le roi d’Angleterre s’est sauvé de Londres apparemment par la bonne volonté du prince d’Orange. Les politiques raisonnent pour savoir s'il est[1] plus avantageux à ce roi d’être en France : l’un dit oui, car il est en sûreté, et on ne le forcera point de rendre sa femme et son fils, ou d’être en danger d’avoir la tête coupée[2]; l’autre dit non, car il laisse le prince d’Orange protecteur et adoré, dès qu’il le devient » [3] naturellement et sans crime. Ce qui est vrai, c’est que la guerre nous va bien être déclarée, et peut-être même la déclarerons-nous les premiers. [4] Si nous pouvions faire la paix en Italie et en Allemagne, nous vaquerions à cette guerre [5] angloise et hollandoise avec plus d’attention : il faut l’espérer, car ce seroit trop d’avoir des ennemis de tous côtés. Voyez un peu où me porte le libertinage de ma plume ; mais vous jugez bien que les conversations sont pleines de ces grands événements.
Je vous conjure, ma chère fille, quand vous écrirez à M. de Chaulnes, de lui dire que vous prenez part aux obligations que mon fils lui a ; que vous l’en remerciez ; que votre éloignement extrême ne vous rend pas insensible pour ce qui regarde votre frère [6] Ce sujet de reconnoissance est un peu nouveau c’est de le dispenser
- ↑ 7. Raisonnent, et demandent s’il est, etc. » (Édition de 1754.)
- ↑ 8. Car il est en sûreté, et il ne courra pas le risque de rendre sa femme et son fils, ou d’avoir la tête coupée. » (Ibidem.)
- ↑ 9. Dès qu’il y arrive. » (Ibidem.)
- ↑ 10. Guillaume III déclara la guerre à la France le 17 mai ; l’ordonnance de Louis XIV publiée en réponse à cette déclaration est du 25 juin suivant. Voyez la Gazette du 4 juin et celle du 5 juillet.
- ↑ 11. C’est que la guerre nous sera bientôt déclarée, et que peut-être même nous la déclarerons les premiers. Si nous faisions la paix en Italie et en Allemagne, nous pourrions vaquer à cette guerre, etc. » (Edition de 1754.)
- ↑ 12. Insensible pour votre frère. » (Ibidem.).