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1119. DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Le même jour que je reçus cette lettre (n° 1117, p. 381), je reçus celle-ci de Mme de Sévigné [1].

A Paris, le jour des Rois (6 janvier) de 1689.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

JE commence par vous souhaiter une heureuse année, mon cher cousin : c’est comme si je vous souhaitois la continuation de votre philosophie chrétienne ; car c’est ce qui fait le véritable bonheur. Je ne comprends pas qu’on puisse avoir un moment de repos en ce monde, si l’on ne regarde Dieu et sa volonté, et où par nécessité il se faut soumettre. Avec cet appui, dont on ne sauroit se passer, on trouve de la force et du courage pour soutenir les plus grands malheurs. Je vous souhaite donc, mon cousin, la continuation de cette grâce; car c’en est une, ne vous y trompez pas ce n’est point dans nous que nous trouvons ces ressources. Je ne veux donc plus repasser sur tout ce que vous deviez être et que vous n’êtes pas ; mon amitié pour vous et pour moi n’en a que trop souffert ; il n’y faut plus penser. Dieu l’a voulu ainsi, et je souscris à tout ce que vous me dites sur ce sujet.

La cour est toute pleine de cordons bleus  : on ne fait point de visites qu’on n’en trouve quatre ou cinq à chacune. Cet ornement ne sauroit venir plus à propos pour faire honneur au roi et à la reine d’Angleterre, qui arrivent aujourd’hui à Saint-Germain ̃[2] Ce n’est



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  1. LETTRE 1119. 1. Mme de Sévigné et Corbinelli répondent dans cette lettre à celle que Bussy leur a écrite le 18 décembre p. 335.
  2. 2. Comme nous l’avons dit plus haut, la reine d’Angleterre arriva.