Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/396

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

39o

1120. DE MAdAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce vendredi 7e janvier.

JE[1]. reçus votre lettre un jour plus tard que je n’ai accoutumé nous en attendons encore aujourd’hui ; mais comme elles arrivent le soir, nous n’y répondrons peut-être que dimanche ou lundi. Vous écrivez si bien ma chère enfant, quand vous n’avez point de sujets, que je n’aime pas moins ces lettres-là toutes libertines, que selles où vous faites réponse[2] Enfin c’est cela qui soutient le cœur pendant votre absence. Je suis tellement comme vous pour trouver le temps infini depuis votre départ, qu’il me semble qu’il y a trois ans [3] : ce n’est pas que j’aie vu tant de différentes choses que vous ; mais c’est par la quantité de pensées, d’occupations et d’inquiétudes qui m’ont tenu lieu des objets.[4] Enfin , et je vous regrette encore tous les jours; je ne m’accoutume point à ne plus voir[5] ni rencontrer ma chère fille, après une si aimable et si longue habitude. Ce douloureux jour de Charenton[6] est encore tout vif et tout sensible. Vous m’aviez donné un rendez-vous

  1. LETTRE 1130. 1. Cette première phrase manque dans la première édition de Perrin (1737)
  2. 2. « Que celles qui sont des réponses.(Edition de 1754). L'édition de 1737 n'a pas la phrase suivante.
  3. 3 que les trois mois me paraissent trois ans (Édition de I754.)
  4. 4. qui ont pris la place des objets; Je vous ai donc regrettée (Ibidem)
  5. 5.« Le moyen en effet de me résoudre à ne plus voir. » (Ibidem.)
  6. 6. Voyez plus haut, p. 194, note . -Cette phrase manque dans le texte de 1737, qui donne, immédiatement après le mot habitude: « Vous m’avez, » au lieu de « Vous m’aviez, » et « vous n’y êtes pas. » au lieu de « vous n’y étiez pas. »