réjouissions avec l’ordre du Saint-Esprit d’avoir un si grand sujet; je ne vous réponds pas que j’écrive. Voilà ce qui s’appelle causer et dire des riens. Je suis auprès du chevalier, qui est tout assoupi dans sa grande chaise. [1]Il me semble que je cause avec vous autant que je le puis; mais ne vous amusez point à répondre à tout ceci. Si j’étois avec vous, j’aimerois bien que vous trouvassiez quelque douceur à me parler de vos affaires, où je pense si souvent, où je prends tant d’intérêt. En attendant, ma chère enfant, ne donnez point le plaisir aux Provençaux de vous brouiller avec les archevêques et les intendants[2] vous les feriez trop aises. Connoissez par vous-même la vérité de ce qu’ils vous disent, faites-leur entendre que vous en parlerez à ces Messieurs-là , [3] à eux-mêmes, pour vous en éclaircir. Ah! que la crainte d’être nommés les feroit bien taire car ils ne veulent que des pétoffes, sans se soucier ni de dire vrai, ni de vous servir[4]. Si cet avis est bon, profitez-en je crus voir à Lamhesc que le plaisir et le divertissement des Provençaux étoit[5] d’animer, de brouiller, et de se rendre nécessaires. Ah, fi ! quittez ce style de province et de Provence.
- ↑ 26. dans son fauteuil » (Édition de 1737.)
- ↑ 27. « ...à me parler de vos affaires, à quoi je pense si souvent, à quoi je prends tant d’intérêt. En attendant, ne donnez point aux Provençaux e plaisir de vous brouiller avec les archevêques et intendants. » (Édition de 1754.) -Pierre Cardin le Bret, maître des requêtes, intendant en Lyonnais, avait été nommé intendant en Provence à la place de Thomas-Alexandre Morand, qui avait exercé ces fonctions depuis l’an 1680, et venait d’être nommé premier président du parlement de Toulouse.
- ↑ 28. « Connoissez la vérité par vous-mêmes, et quoi qu’ils vous disent, faites-leur entendre que vous en parlerez à ces Messieurs. » (Édition de 1754.)
- ↑ 29. « Sans se soucier de dire vrai ni de vous servir. » (Ibidem.)
- ↑ 30. Que la joie des Provençaux était, etc (Ibidem)
