Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/459

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sentons tout, mais sans peine et sans altération ; ainsi dans une médiocre fortune[1] nous sommes plus heureux que mille autres gens plus aisés que nous. Adieu.

A Paris, le matin, vendredi 4è février.

J’attendois hier Monsieur le chevalier, qui m’avoit mandé qu’il reviendroit le soir avec votre enfant, qu’il vous avoit envoyé le brevet pour prendre votre cordon bleu, et que demain, qui est aujourd hui, il vous enverroit [2] le cordon avec la croix que le Roi vous donne : me voilà donc contente. Gardez-le bien, cet aimable cordon, ad multos annos [3], parez-en votre bonne mine, et ne l’allez pas oublier pendant les trois heures que vous destinez tous les jours à être amoureux ; c’est un ornement qui doit accompagner l’agrément de cette fidèle passion ; ma fille m’en paroît si contente, que je puis entrer dans cette confidence. C’est insensiblement à vous que je parle, mon cher Comte, et je me trouve obligée à vous embrasser pour finir mon discours.

Je reviens à vous, ma chère fille. Il m’a semblé que Monsieur le chevalier pouvoit bien être demeuré pour

  1. 16. Ces mots « dans une médiocre fortune, » et plus aisés que nous. Adieu, » ont été biffés dans notre manuscrit.
  2. LETTRE 1133 (revue en partie sur une ancienne copie). 1. « J’attendois hier au soir Monsieur le chevalier et votre enfant. J’ai su qu’on vous avoit envoyé le brevet pour prendre votre cordon bleu, et qu’aujourd’hui on vous enverroit, etc. » (Édition de 1754 )
  3. 2. Pour de nombreuses années. Nous avons déjà vu ces mots latins dans uns des lettres des précédents volumes