Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/464

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du Roi de venir le lendemain à cette belle tragédie. Le Roi lui dit le matin qu’il étoit fort digne d’en juger, qu’il en seroit assurément content, et en effet il l’est au dernier point[1]) Racine s’est surpassé ; il aime Dieu comme il aimoit ses maîtresses ; il est pour les choses saintes, comme il étoit pour les profanes. La sainte Écriture est suivie exactement dans cette pièce ; tout est beau, tout est grand, tout est traité avec dignité.[2] Vous avez vu ce que Monsieur le chevalier m’en a écrit; ses louanges et ses larmes sont bonnes. Le roi et la reine d’Angleterre y étoient samedi[3] Quand elle sera imprimée, je l’enverrai à ma chère fille plùt à Dieu qu’elle la put voir ! [4] Votre grande lettre m’a fait un grand plaisir, et répond fort bien à toutes les miennes [5] mais, mon enfant, elle est trop grande, quoiqu’elle soit écrite, et de l’esprit et de la main, avec une facilité qui paroît. Je ne laisse pas d’être en peine de la quantité de lettres que vous écrivez, et de cette longue résidence dans ce petit cabinet[6], dont il faut que vous sortiez avec un grand mal au dos, un grand mal à la tête, un grand épuisement ainsi le plaisir que je reçois en lisant vos lettres est toujours mêlé de peine, comme les autres choses de

  1. 4. « ... d’en juger, et qu’il en seroit assurément content. M. de Pompone le fut au dernier point. » (Édition de 1754.
  2. 5. Tout y est beau, tout y est grand, tout y est traité avec dignité. » (Ibidem.)
  3. 6. Voyez le Journal de Dangeau, au 5 février. Cette quatrième représentation fut la plus brillante de toutes, et elle mit le comble à la réputation de Racine. Voyez M. Lavallée, p. 94 et 96.
  4. 7. Le roi et la reine d’Angleterre étoient à la représentation de samedi plût à Dieu que ma chère fille eût pu s’y trouver » (Édition de 1754.)
  5. 8.«  A tous les articles des miennes. » (Ibidem.)
  6. 9. Et de votre longue résidence dans ce cabinet. » (Ibidem.)