Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/470

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précisément le jour que nous souhaitions vos lettres avec plus d’empressement qu’à l’ordinaire ; et là-dessus, Monsieur le chevalier disoit : Dieu est Dieu [1] Rien n’est plus vrai, ma fille, que tous vos maux ne viennent que de trop écrire ; vous le sentez bien, vous ne voulez pas le dire . [2]. Il faudroit un peu marcher, prendre l’air quand il est bon : il y a des heures charmantes; comme ici, par exemple, il fait un temps parfait ; le mois de février est bien plus beau que le mois de mai. Il doit faire chaud à Aix : faites donc de l’exercice, car c’est mourir que d’être toujours dans ce trou de cabinet ; j’en étouffe.

Je soupai hier chez M. de Lamoignon, avec la duchesse du Lude revenue de la cour, Mme de Coulanges, Monsieur de Beauvais, et l'évèque de Troyes[3]Pendant le souper, Mlle de Méri déguisoit votre fils, avec trois vieilles jupes noires, si bien rangées, si plaisamment coqueluchonnées, que tout le monde l’attaquoit; [4]; il répondoit à tout fort plaisamment cela lui apprend encore à être hardi, quoiqu’en vérité le chevalier vous dira qu’il l’est assez. Adieu, ma très-chère et très-aimable vous irez à Marseille, vous y verrez à mon gré le plus beau coup d’oeil qu’on puisse voir. Je [5] suis tout entière à ma chère Comtesse, et j’embrasse le père de Pauline, et Pauline.

  1. 11. Voyez encore la lettre du 28 janvier précédent p. 440.
  2. l2. Ce dernier membre de phrase : « vous le sentez bien, vous ne voulez pas le dire, » manque dans le texte de 1737.
  3. 13. L'ancien évèque de Marseille et Chavigny, l'évèque de Troyes.
  4. c’étoit chez Monsieur, qui lui parla longtemps sans le connoître, et M. de Chartres aussi14. Il a été parlé plus haut (p. 426, note 6) de bals donnés au Palais-Royal, auxquels le marquis de Grignan avait assisté.
  5. 15. Cette dernière phrase manque dans l’impression de 1754.