Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/473

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

inhabitable. [1] Je m’en vais en écrire à M. de la Garde ; je suis assurée qu’il pensera comme nous. Je ne veux point encore songer au départ de nos pauvres Grignans ; cela me touche sensiblement, et j’admire avec vous [2] la résolution de Monsieur le chevalier ; le Dieu des armées le soutiendra car il ne lui faut pas un moindre appui. Mme de Chaulnes [3] » me mande que je verrai Esther que Mme de Coulanges y viendra avec moi, et qu’elle nous donnera son équipage, car je ne vais qu’à cette condition. Je rends donc la liberté à Monsieur le chevalier qui m’auroit menée après dîner; il va faire sa cour, cette cour que je suis ravie qu’il puisse faire, et fâchée que ce soit en quittant cette petite chambre qui fait tout ce qui reste de supportable et de liant à ce triste hôtel de Carnavalet : sans cela chacun est dans son trou. Adieu, très-aimable et très-chère : je vous embrasse mille fois. Mon Dieu ! que tous vos sentiments passent vite dans mon cœur, et que tous vos intérêts sont véritablement les miens !

Il37- DE MADAME DE SÉVIGNE

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce mercredi 16 février.

Monsieur le chevalier est encore à Versailles ; je l’at-

  1. 1 Je ne crois pas qu'il y ait d'exemple de pareille conduite.... de venir... et de le rendre inhabitable (Edition de 1754)
  2. 12 comme vous; (Ibidem.)
  3. 13. dans sa première édition (1737) Perrin a ainsi abrégé ce passage : « Mme de Chaunes me mande que je verrai Esther; , qu'elle est à Versailles avec Mme de Coulanges ; et que Mme de Coulanges y reviendra avec moi, le chevalier s'en va faire sa cour, cette cour,etc.