Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/493

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lui disois « Àh Monsieur, laissez-la faire, elle ne sauroit faire mal, ni rien de ridicule. Et en effet, la manière dont vous vivez est toute noble et toute pleine de bon esprit dans la place où vous êtes. Comment vous portez-vous de toutes ces merveilles? car il y a un peu de peines corporelles dans ces agitations. Je suis toujours résolue d’aller en Bretagne, malgré mon cœur, qui voudroit fort aller à vous; mais je ne serois pas digne d’être votre mère : vous eussiez été une vraie Romaine avec votre amour de la patrie. Adieu, très-chère, adieu, aimable : j’écrirois jusqu’à demain mes pensées, ma plume, mon encre tout vole ; mais il faut envoyer à la poste ; il faut aussi ne vous pas accabler. Le roi d’Angleterre a diné ici chez M. de Lauzun.[1] Il a été chez Mademoiselle après dîner. On dit qu’il s’en va en Irlande, et qu’il a donné l’ordre de la Jarretière à M. de Lauzun. Je ne réponds de rien cette année, que de vous aimer chèrement.

1142. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce lundi 28è février.

MONSIEUR le chevalier s’en alla hier après dîner à Versailles, pour apprendre sa destinée ; car ne s’étant point trouvé sur les listes qui ont paru, il veut savoir si on le garde pour servir dans l’armée de Monsieur le Dauphin, dont on n’a point encore parlé[2] Comme il a dit qu’il

  1. Tous ces petits faits sont confirmés par le Journal de Dangeau du 25. Pour le départ du roi d’Angleterre, voyez le même Journal, à partir du 24-
  2. LETTRE 1142 (revue en grande partie sur une ancienne copie). 1. On lit dans le Journal de Dangeau, au 26 février, le nom du chevalier de Grignan, désigné par le Roi comme l’un des quatre.(et dans