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1687

1020. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Trois semaines après que j’eus écrit cette lettre (no 1018, p. 37), je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 25e avril 1687.

Je commence ma lettre aujourd’hui, et je ne l’achèverai qu’après avoir entendu demain l’oraison funèbre de Monsieur le Prince par le P. Bourdaloue. J’ai vu Monsieur d’Autun, qui a reçu votre lettre et le fragment de celle que je vous écrivois. Je ne sais si cela étoit assez bon pour lui envoyer ici : ce qui est bon à Autun pourroit n’avoir pas les mêmes grâces à Paris. Toute mon espérance est qu’en passant par vos mains, vous l’aurez raccommodé, car ce que j’écris en a besoin. Quoi qu’il en soit, mon cousin, cela fut lu à l’hôtel de Guise[1] ; j’y arrivai en même temps, on me voulut louer, mais je refusai modestement les louanges, et je grondai contre vous et contre Monsieur d’Autun. Voilà l’histoire du fragment.

La pensée d’être fâché de paroître guidon dans le livre de notre généalogie est tellement passée à mon fils, et même à moi, que je ne vous conseille point de rien retoucher à cela. Il importera peu, dans les siècles à

  1. Lettre 1020, — 1. Chez Mlle de Guise (voyez tome II, p. 55, notes 14 et 15 ; Dangeau, tome II, p. 116, et ci-après, p. 153, note 2) : l’évéque d’Autun la gouvernait, dit Mademoiselle (tome IV, p. 531). —— Cet hôtel se trouvait dans le quartier Sainte-Avoie, entre le carré que forment les rues du Chaume, des Quatre-Fils, de Paradis et la rue Vieille-du-Temple. Les premières constructions avaient été faites par le connétable Olivier de Clisson. Il fut vendu en 1553 à Anne d’Este, femme du duc de Guise, et garda jusqu’en 1697 le nom d’hôtel de Guise. Le prince de Soubise l’acheta à cette époque, le rebâtit, et depuis il porta le nom d’hôtel de Soubise.