Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/533

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mère de M. de Richelieu, dans ce même tribunal[2], où j’avois fait venir encore M. Bailly pour me porter bonheur. M. Gui[3] nous est demeuré ; il se consoloit en prenant du tabac. Un autre conseiller nous a dit que nous avions gagné tout d’une voix tout d’une voix est une circonstance qui nous a fait plaisir. M. Gui avoit dit prudemment à Rousseau que l’arrêt que vous aviez obtenu il y a six mois n’avoit pas été digéré, qu’il avoit été donné par des enfants. Rousseau lui a redit fort plaisamment ce matin : « Monsieur, voilà encore vingt-deux enfants[4] qui viennent de vous condamner tout d’une voix. » Cela m’a fait rire mais la grande âme de Monsieur le chevalier ne vouloit pas se prêter à ces bagatelles. Nous avons remercié tous nos juges quand ils sont sortis, variant, chacun de notre côté, notre reconnoissance en vingt façons. Enfin nous sommes revenus dîner gaiement : il faut avouer la vérité ; toute la république s’est assemblée pour nous recevoir : nous vous écrivons chacun de notre côté. Le chevalier[5] m’a chargée du récit de notre victoire, et à cinq heures et demie nous irons remercier ensemble[6] nos présidents, le doyen[7]

  1. d’Ourouer, gouverneur de Fougères, et mourut en 1674. -Sur son procès avec Mme de Sévigné, voyez la lettre précédente, p. 522, et le commencement de celle du 28 mars suivant, p. 554- Les Guémadeuc étaient parents des Sévigné : voyez tome IV, p. 265, avant-dernière ligne.
  2. 12. Dans le même tribunal. » (Edition de 1754.)
  3. 13. Cette phrase et les suivantes, jusqu'à « nous avons remercié  » manquent dans l'édition de 1737
  4. 14. Le grand conseil était composé de huit présidents, quatre par semestre ; et de cinquante-quatre conseillers, vingt-sept par semestre.
  5. 15. Monsieur le chevalier (Edition de 1754.)
  6. 16. Nous irons remercier ensemble (Ibidem.)
  7. 17. Le doyen du grand conseil, dans l'État de la France de 1689, est Claude Richard, sieur de la Baroulière, reçu en 1638 le plus ancien des conseillers du semestre d’hiver est Jean de Bernage, reçu en 1643.