Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/538

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Cependant on n’aime point à donner de tels conseils; il les faut prendre de soi-même. Je ne sais ce qu’elles auront fait.

Il me semble que votre prélat ne se presse guère de venir en ce pays-ci. Je me suis mis dans la tête qu’il veut laisser juger le procès de Mademoiselle et de Monsieur le Prince contre les testaments et donations de Mlle de Guise [1], où Son Altesse Royale croit qu’il a eu beaucoup de part. Quoi qu’il en soit, il fait une plus longue résidence que les autres fois, et ses amis dé ce pays-ci sentent son absence. Je sens encore plus la vôtre, mon cousin; cependant je ne souhaite point ici un homme comme vous, en l’état où est votre fortune.

M. et Mme de Grignan sont en leur place. M. de Grignan a fait un voyage d’une fatigue épouvantable dans les montagnes de Dauphiné, pour séparer et punir des misérables huguenots, qui sortent de leurs trous pour prier Dieu, et qui disparoissent comme des esprits, dès qu’ils voient qu’on les cherche et qu’on les veut exter-

  1. 8. Marie, duchesse de Guise et de Joinville, dite Mlle de Guise (voyez tome II, p. 55, note 15; et ci-dessus, p. 153, note 2, et p. 45, la note 1, où il a été dit que l’évéque d’Autun la gouvernait), mourut le 3 mars 1688. Elle disposa par son testament de la plus grande partiee de ses biens au profit de M. d’Armagnac, de M. de Brionne, de Mme de Lillebonne et de ses enfants, ainsi que de l’abbaye de Montmartre, et elle donna au Roi, par un codicille, une tapisserie des âges, qui venait du cardinal de Joyeuse, et un lit brodé de perles et de diamants. Mademoiselle de Montpensier était son héritière naturelle pour les biens qui provenaient de la maison de Joyeuse, et la princesse de Condé et la duchesse d’Hanovre succédaient aux biens qui étaient venus du côté des Guises. Le testament fut attaqué par Monsieur le Prince et par Mademoiselle. On finit par s’en rapporter à des arbitres, qui adjugèrent au prince de Condé le duché de Guise, l’hôtel de Guise, avec plus de cent mille livres de rente, et à Mademoiselle la principauté de Joinville avec trente-cinq mille livres de rente. Journal de Dangeau, 27 février 1692. (Note de l'édition de 1818.)