1156. DE MADAME DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.
A Paris, ce vendredi 2èe mars, jour de l’Annonciation. Nous[1] n’avons point reçu vos lettres, et nous ne laissons pas de commencer à vous écrire. Vous avez bien la mine d’avoir donné aujourd’hui un bon exemple ; cette fête est grande, et me paroit le fondement [2]de celle de Pâques, et en un mot la fête du christianisme, et le jour de l’incarnation de Notre-Seigneur; la sainte Vierge y fait un grand rôle, mais ce n’est pas le premier. Enfin, M. Nicole, M. le Tourneux, tous nos prédicateurs ont dit tout" ce qu’ils savent là-dessus[3]
Votre[4] enfant m’a écrit une lettre toute pleine d’amitié. Il a bien pleuré son bon oncle l’Archevêque. On croit que son successeur[5]sera bientôt ici; il s’exercera, s’il veut, sur la requête civile : pour nous, nous avons gagné celle du grand conseil à la pointe de l’épée. Je dispute contre Mme de Chaulnes ;je voudrois bien ne partir qu’après Pâques. Ma chère enfant, que je suis fâchée de vous quitter encore !Je sens cet élôignement : La raison dit Bretagne, et l’amitié Paris. [6]
- ↑ Lettre1156 (revue en très-grande partie sur une ancienne copie).1. Cette première phrase ne se trouve que dans l’édition de 1754
- ↑ 2. Cette fête est grande, elle est le fondement, etc.»(Éditions de 1737 et de 1754.)
- ↑ 3. Tout ce qu'ils savaient là-dessus »
- ↑ 4. Cet alinéa manque dans le manuscrit ; il se lit seulement dans les deux éditions de Perrin (1737 et 1754)
- ↑ 5. Jean-Baptiste-Adhémar de Monteil, coadjuteur d’Arles, frère de M. de Grignan. (Note de Perrin.)
- ↑ 6 Allusion au vers 20 de la satire II de Boileau : La raison dit Virgile, et la rime Quinault.