Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/569

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On jugea hier l’affaire de M. d’Harouys18. Le Roi prononça comme Salomon et avec une bonté paternelle. Tous les contrats qui sont dans les procurations seront payés au denier vingt; les excédants, au denier vingt-deux ; les billets promettant de passer contrat, au denier vingt-quatre ; les billets simples, sur M. d’Harouys et ainsi personne ne perdra. Mlle de Méri est au denier vingt-deux ; c’est un bonheur; mais au lieu d’ouvrir son cœur à la reconnoissance envers Dieu, qui l’a tirée d’un abîme, elle regrette le denier quatorze et trouve qu’elle est bien malheureuse. Cela nous a tous mis en colère, car il n’y a qu’elle sur ce ton tous les autres sont contents et remercient Dieu et le Roi. Le pauvre la Silleraye" est mal traité il perd beaucoup de bien de sa mère, parce que M. d’Harouys étoit engagé aux états avant que de l’être avec sa femme. Je plains ce petit ménage. Deux hommes qui étoient à la Bastille pour lui sortent demain. On a nouvelle" que le roi d’Angleterre est arrivé en Tout cet alinéa ne se trouve que dans notre manuscrit, lequel ne contient point ce qui précède. -- D’Harouys était à la Bastille depuis 1687. On lit dans le Journal de Dangeau, la date du 3o janvier 1689 « On a proposé ce matin au conseil un moyen pour faire payer ce que M. d’Harouys avoit emprunté au nom des états de Bretagne, et le Roi et son conseil ont approuvé la proposition. La voici on offre au denier vingt de payer les intérêts de ceux qui ont prêté à M. d’Harouys sur la procuration qu’il avoit des états, et au denier vingt-deux ceux qui ont prêté sur l’excédant de la procuration, tant ceux qui ont des contrats que ceux qui n’ont que des billets, et outre les intérêts on payera tous les ans cinq cent mille livres sur le fonds, et ainsi en dix ans, tout sera payé. » Voyez le même Journal, au 29 mars. C’était donc une réduction d’intérêts, une sorte de conversion forcée qu’on faisait subir aux prêteurs, créanciers du trésorier des états, suivant le plus ou moins de régularité de leur titre. Mlle de Méri, à qui d’Harouys avait consenti un intérêt d’environ sept pour cent, était réduite à un intérêt d’environ quatre et demi. 14. Fils de d’Harouys. Voyez tome VI, p. 424-

15.« On mande » (Éditions de 1737 et de 1754.)