Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/57

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pendant il y a toujours quelque chose à faire pour le seigneur. C’est proprement glaner ce que je fais ; je ne sais si vous entendez ce mot ; oui assurément, car que n’entendez-vous pas ? Votre nièce va à Toulongeon changer d’air. J’ai reçu ici votre lettre du 25e avril, ma chère cousine, à quoi je vais répondre. Ce que vous écrivez auroit été bon à lire à l’hôtel de Condé du temps de Voiture ; à plus forte raison à l’hôtel de Guise : Monsieur d’Autun en fera le cas qu’il doit partout où il recevra de vos lettres. Je n’approuve point ce grand désintéressement de Monsieur votre fils sur être dans notre généalogie comme il y doit être, et cela fera plus d’honneur à sa postérité que l’on voie qu’il a été sous-lieutenant des gendarmes du Dauphin, que seulement guidon : demandez-lui donc ses mémoires et me les envoyez. Le jeune Blanchefort que vous me mandez qui entre si bien dans le monde, fera parler un jour de lui. J’ai ouï dire au Passage (2)qu’il le feroit son héritier, et il l’a fait : il lui a laissé vingt mille livres de rente. Cela aide bien un jeune gentilhomme qui vient à la cour avec un nom et de bonnes inclinations. Vous avez eu raison, Madame, de ne point rire du commencement du factum de Nuguet, quoiqu’il fût plaisant :l’amitié nous doit donner de l’indignation contre

2. Le comte du Passage était de la maison de Gelas, parent du marquis d’Ambres. (Note de l’édition de 1818, à la lettre du 2 février 1689.) On lit dans le Journal de Dangeau, à la date du 13 juin 1688 : " On a su la mort de M. du Passage, arrivée en Daupliné. Il étoit ancien lieutenant général des armées du Roi (voyez dans la Correspondance de Bussy sa lettre du 2 février 1689), et étoit retiré depuis longtemps. Il laisse quatre ou cinq cent mille francs de bien ; il a fait le marquis de Bîanchefort son héritier, par l’amitié qu’il avoit pour le feu maréchal de Créquy. »