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1687

huguenot ni sans faire la guerre au Roi, je marche aujourd’hui sur ses pas Nous serons encore en ce pays-ci jusques au mois d’octobre. J’y viens de perdre un de mes anciens amis le pauvre Montauban, lieutenant général pour le Roi dans cette province, vient de mourir. On dit que Renti le va remplacer7.

On fait bonne chère à bon marché en ce pays-ci. Je m’y plairois assez si l’on y avoit commerce avec les autres gens, mais il n’y a point de postes qu’à dix lieues d’ici. Il ne laisse pas d’y avoir des gens qui ont de.l’esprit. Un de ceux-là me dit hier un madrigal que je trouve joli. Voici. ce que c’est. Sur ce que Monsieur le Prince d’aujourd’hui avoit dit qu’on n’avoit rien fait qui lui plût sur le sujet de feu Monsieur son père, et qu’il donneroit volontiers mille écus de quatre vers qui lui plairoient, l’abbé Gaultier* fit ceux-ci :

MADBIGAL.

Pour exprimer tant de vertus,

Tant de combats et tant de gloire,

Mille écus! rien que mille écus I

Ce n’est pas deux sous par victoire.

Je ne sais s’il a eu les mille écus, mais il les mérite9. 6. Après : « sur ses pas, » une autre main que celle de Bussy a ajouté « dans ses vieux châteaux, »

7. Voyez ci-dessus, p. 73, note 4. On lit dans le Journal de Dangeau, à la date du 23 juillet « Le Roi a donné la lieutenance de Roi de la Franche-Comté au marquis de Renti; elle étoit vacante par la mort du marquis de Montauban. D’après l’État de la Francee de 1687 (tome II, p. 4o4), le lieutenant général au comté de Bourgogne était le marquis de Montauban, René de la Tour de Gouvernet, aussi lieutenant général des armées du Roi, marquis de Montauban, de Soyan et de la Chau. Le gouverneur était le maréchal due de Duras. -Sur Renti, voyez tome IV, p. a6o, note 10. 8. Est-ce celui qui fut employé plus tard à négocier la paix avec la reine Anne, et dont Saint-Simon fait le portrait (tome XVII, p. 473)? 9. Désormeaux dit, dans son Histoire de Condé, tome IV, p. 5s5,