Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1036. DU COMTE DE BUSSY RABUTIN A MADAME DE SÉVIGNÉ ET A CORBINELLI.

Aussitôt que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse. A Coligny, ce 13e septembre 1687.

A MADAME DE SÉVIGNÉ.

LA perte que vous avez faite de Monsieur votre oncle, Madame, me touche sensiblement, et le peu de liaison qu’il y avoit entre lui et moi vous doit empêcher de croire qu’il y ait autre chose que votre douleur qui m’afflige[1]. Comme vous dites, Madame, nous ne sommes pas ingrats vous et moi. Cependant le sang et votre vie que vous avez passée avec Monsieur votre oncle vous rendent sa perte bien plus sensible qu’à moi celle de mon cher ami Saint-Aignan. Dieu leur fasse miséricorde! et je n’en doute pas, car l’abbé de Coulanges étoit un homme de bien, et le duc de Beauvilliers ne craint pas Dieu plus que faisoit Monsieur son père.

Vous avez raison, Madame, de croire que la galanterie n’est plus que dans mon esprit ; quand je ne songerois pas, comme je fais, à mon salut, je suis trop glorieux pour avoir de l’amour, sachant bien que je ne suis plus assez aimable pour être fort aimé, quand même l’âge ne rendroit pas ma passion ridicule. Il est vrai que mon amitié pour ma petite sœur est fort tendre.

J’ai été fâché comme vous de ne pas trouver dans les relations des combats d’Allemagne le nom de notre

  1. LETTRE 1036. 1. Bussy n’avait jamais pardonné à l’abbé de Coulanges de s’être opposé à la demande qu’il avait faite à Mme de Sévigné, en 1658, d’une somme de dix mille francs qui lui était nécessaire pour s’équiper et suivre Turenne en Flandre (Note de l'èdition de 1818.) Voyez la Notice, p. 77 et 78.