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vous assure qu’il y a peu de choses[1] que je souhaite davantage. Vous me donnez une vraie joie en me parlant, comme vous faites, de la belle et bonne santé de Mme de Grignan ; je.me fie fort à ce que m’en dit Martillac ; mais j’aime encore mieux ce que vous m’en dites. Dieu. la conserve cette femme si aimable[2] et si digne d’être aimée, et lui donne un courage capable de soutenir sa destinée et tous les maux que sa tendresse lui fait souffrir !

1194 DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 10è juillet.

Je n’ai point reçu de vos lettres aujourd’hui, et je m’en vais donc causer avec vous tout en l’air. M. de Seignelai est à Brest présentement : je suis un peu fâchée de n’en pouvoir dire la raison, car il faut qu’il y en ait une[3]. Je vous conseille fort de vous en tenir à tout ce que vous dit Monsieur le chevalier sur les grands préparatifs de nos ennemis sur le Rhin. L’abbé Bigorre ne les craint point, ni pour lui qui est fort en sûreté, ni pour ses amis ; ainsi, ma chère enfant, soyez en repos pour ce joli petit colonel ; car vous y touchez du bout du doigt. Je crois que Monsieur le chevalier, après ce que lui mande M. de Montégut n’oseroit plus dire cette folie qui nous faisoit rire, je connois un sot en vérité, ce n’est

  1. 12. « Peu de choses au monde. » (Édition de 1754.)
  2. 13. « Cette pauvre femme si aimable. » (Ibidem.)
  3. LETTRE 1194. 1. or Le Roi dit en revenant de Trianon qu’il avoit ordonné à M. de Seignelai de s’embarquer sur les vaisseaux qu’on met à la mer à Brest, et qu’il porteroit des ordres secrets qu’il n’avoit voulu eonfierqu’à lui. (Journal de Dangeau, l2 juillet 1689.) Voyez les lettres du 20 juillet et du 21 août suivants, p. 127 et 168.