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triste d’un voyage que je veux faire, que je dois faire, et que je fais avec toute la commodité imaginable. Mme de Kerman[1] vient encore avec nous; c’est une aimable femme; un grand train, deux carrosses à six chevaux, un fourgon, huit cavaliers, enfin à la grande ; nous nous reposerons à Malicorne[2]pouvois-je souhaiter une plus agréable occasion ? Vous m’adresserez d’abord vos lettres à Rennes, et je vous manderai quand il faudra les adresser à Vitré. Je serai bientôt lasse de ce tracas de Rennes; c’est pour voir M. de Chaulnes que j’y vais. Monsieur le chevalier s’en va de ce pas à Versailles; je crovois qu’il ne me quitteroit point qu’il ne m’eût vue pendue5[3] ; mais il a des affaires. Je suis blessée de le quitter ; ce m’est une véritable consolation que de parler avec lui de vous et de toutes vos affaires ; cela fait une grande liaison : on se rassemble pour parler de ce qui tient uniquement au cœur ; le chevalier est fort ; moi, je suis foible il se passera bien de moi, je ne suis pas de même pour lui ; rentrerai en moi-même, et je vous y trouverai mais je n’aurai plus cet appui qui m’étoit si agréable et si nécessaire : il faut s’arracher et se passer de tout. Dites-moi vos desseins sur la requête civile la confiez-vous à Monsieur d’Arles? ne reviendrez-vous point vous-même la gagner? car pour nous, chacun s’en va de son côté nous sommes contents d’avoir gagné notre petite bataille. Instruisez-moi de vous, ma très-chère, et de ce qui vous touche; songez que Monsieur le chevalier ne me dira plus rien ; mais pour des causeries, c’est Pauline que vous devez charger du soin de me les écrire; vous savez que je ne crains rien tant que de vous accabler. Les affaires du duc d’Estrées sont accommodées avec