Votre Majesté commande, et j’obéis; je pars incessamment pour me rendre auprès d’Elle, et pour y recevoir ses commandements, etc. » Voilà les difficultés qu’il a faites. Il partit[1], comme je vous l’ai dit, avec beaucoup de joie, et laissa toute la Bretagne fort affligée. Mme de Chaulnes partit le lendemain très-accablée, comme vous savez ; elle fut[2]en six jours à Paris ; elle m’a écrit deux fois, et me mande que si elle n’avoit fait cette diligence, elle n’auroit point vu M. de Chaulnes ; qu’elle ne l’avoit vu qu’une heure, et qu’elle me manderoit des nouvelles de nos affaires. J’ai fort bien fait[3], ma chère enfant, de ne point aller avec elle ; deux raisons : elle ne sera quasi point à Chaulnes ; et quand elle y seroit, cette retraite ne m’est point naturelle comme celle-ci, où je suis avec mon fils, et où j’ai deux assez grandes terres, qui me peuvent donner assez d’affaires pour demeurer[4] quelque temps dans cette province. Quand vous y ferez quelque réflexion[5], je crois que vous trouverez que j’ai raison, et que si je fusse retournée, je rendois mon voyage inutile[6].
- ↑ 5. Ce duc partait pour Rome avec une double qualité, d’ambassadeur ou d’envoyé extraordinaire près le sacré collège. Il devait faire le choix de celui de ces caractères qui paraîtrait le plus propre aux intérêts du Roi. On avait donné cette alternative au duc de Chaulnes, parce que le Roi voulait que son ambassadeur fût reçu sans renoncer à la prétention de franchise des quartiers. Voyez les Mémoires de Coulanges, p. 58. (Note de l’édition de 1818.)
- ↑ 6 « Mme de Chaulnes partit le lendemain d’ici, et fut, etc. » (Édition de 1754.)
- ↑ 7. « J’ai très-bien fait. » (Ibidem.')
- ↑ 8. « Qui peuvent m’obliger à demeurer. »(Ibidem. ) Au tome VIII, p. 475, Mme de Sévigné ne parle que d’une seule terre, celle du Buron, comme lui appartenant ; elle s’était sans doute encore réservé quelque revenu sur l’une des autres terres énumérées et estimées par Charles de Sévigné dans sa lettre du 27 septembre 1696.
- ↑ 9. « Un peu de réflexion. » (Édition de 1754.)
- ↑ 10. « Je rendois inutile mon voyage de Bretagne. » (Ibidem.)