Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/221

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manqué de poudre et de mousquets ; il nous sembloît aussi que les secours étoient un peu lents :enfin Dieu l’a voulu, comme il veut que votre enfant se porte bien[1] . Il m’a écrit une fort jolie lettre, ce pauvre marquis : il badine avec moi, il appelle ma belle-fille sa cousine[2] ; il dit qu’ils n’ont encore rien fait ; il se loue de M. de Boufflers ; enfin, ma chère enfant, on ne peut pas mieux[3] répondre à cette porte du courage et de la valeur[4] qu’il y répond : Dieu le conserve ! Goulanges me paroit transporté[5] de votre magnificence, de votre bonne chère, et de votre bon air, et de Pauline :vous êtes méchante, vous croyez qu’il est forcé par la vertu de l’exorcisme, je le crois ; mais sans être ducs, vous avez plus de grandeur qu’il n’en faut pour le transporter :votre compagnie étoit parfaitement bonne, et votre cour fort honnête ; rien ne se pouvoit ajouter à cette bonne et grande réception.

Ce M. Rousseau est un fou avec sa Mme de la Rivière qui monte au ciel toute lumineuse ; ce sont de leurs songes ordinaires et extraordinaires, à quoi ils font tant d’honneur, qu’ils ont pensé en être embarrassés ; car ils prenoient pour des vérités bien sérieuses tout ce qu’il plaisoit à leur imagination de leur représenter. Pour moi, je ne rêve point quand je vous dis qu’une de mes

  1. 8. Dans l’édition de 1737, il n’y a que les derniers mots : « votre enfant se porte bien. ». au lieu de : « enfin Dieu l’a voulu, etc., »
  2. 9. Voyez la lettre de la jeune marquise de Sévigné du 29juin précédent, p. 103.
  3. 10. « En un mot, on ne peut pas mieux » (Edition de 1754.)
  4. 11. Voyez p. 176, au premier alinéa de la lettre du 28 août précédent.
  5. 12. L’édition de 1737 donne simplement « Coulanges me paroit transporté de votre magnificence, de votre bonne chère, de votre bon air; rien ne se pouvoit ajouter à cette bonne et grande réception. » Le commencement de l’alinéa suivant manque dans cette même édition de 1737, qui ne reprend qu’à « Vous louez Revel. » (p. 216).