DE CHARLES DE SÉVIGNÉ.
J’avois pourtant assuré ma mère qu’on ne pouvoit être plus estimé sur la valeur et même sur la probité que l’étoit Revel; mais ce n’étoit là qu’un très-petit jugement de la part d’un juge subalterne[1], en comparaison de l’arrêt du conseil, qui vient d’être donné par le chevalier de la Gloire[2]. Puisque nous sommes sur le chapitre de Revel, voici une petite histoire qui vous paroitra entièrement fuor di proposito19. Hors de propos. Je vis un jour la R***[3] chez Mme de Louvois jouer à la bassette ; elle perdoit considérablement : enfin, piquée jusqu’au vif, elle fit un gros alpion[4], et dit ces belles paroles « Si je perds cet alpion, je dirai de moi la plus grande infamie qu’on puisse jamais dire. » Elle perdit ; et pour tenir sa parole, elle apprit à la compagnie qu’elle avoit pris ce matin-là même, par avarice, un lavement qu’on lui avoit apporté la veille, ne voulant point avoir fait une dépense inutile. Voilà l’histoire, ma très-belle petite sœur ; en voici l’application : je suis piqué ; j’ai perdu cette députation, sur
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- ↑ 17. « Mais ce n’était qu’une très-petite sentence d’un juge subalterne. » {Édition de 1754.)
- ↑ 18. Voyez tome V, p. 122. --Tout ce qui suit ne se lit que dans l’édition de 1754 ; celle de 1737 a supprimé ou abrégé ainsi : « Vous savez, ma très-belle petite sœur, ce qui m’est arrivé au sujet de la députation : j’avoue à ma honte que j’ai eu toutes les peines du monde à m’en remettre, malgré toutes les belles réflexions et la philosophie que la retraite et la solitude inspirent; mais présentement que je suis tout à fait sans espérance, je me trouve comme cet homme de Dijon, etc. » (p. 219).
- ↑ 20. La Rochefort ? voyez tome III, p. 202, seconde partie de la note 6.
- ↑ 21. Alpion, terme du jeu de bassette, qui est le synonyme de paroli au jeu de pharaon. (Note de Perrin.)
d’Altenheim, arrivé le 2 août 1675. (Note de Perrin, 1754.) Voyez tome IV, p.110, 236 et 237