compte. Cependant j’emporte votre mémoire sur cette affaire.
Vous avez fort bien répondu au greffier d’Autun[1] mais pour moi, qui ne puis pas dire les mêmes choses que vous, vous m’obligeriez fort de me faire une réponse au lieutenant général d’Auxois, qui me demande un homme pour l’arrière-ban. Je dis que j’ai donné le fonds de la terre de Bourbilly à ma fille en la mariant[2]. Si on me tourmente pour l’usufruit, je vous demande pardon, mon cher cousin, mais je me jetterai sans balancer dans la bourgeoisie de Paris : je montrerai les baux de mes maisons ; je produirai mes quittances des boues et des lanternes; je ferai même voir que j’ai rendu le pain bénit ; enfin, mon cher cousin, je tâcherai de me sauver par les marais comme je pourrai, plutôt que de payer cinq ou six cents livres pour un homme d’arrière-ban. Au reste, voici un étrange commencement de guerre, où d’abord nous faisons paroître notre dernière ressource. Mon fils, comme je vous ai déjà mandé, a été choisi par cinq ou six cents gentilshommes de son canton, pour être à leur tête quand il faudra marcher. C’est un honneur, je l’avoue ; mais cette dépense, quand on a été dix ans à la guerre d’une autre manière, est fort désagréable.
J’ai vu ici M. Jeannin, mon ancien ami, et Mme de Montjeu[3], que je trouve fort aimable. Mme de Toulongeon
- ↑ 2. Voyez la lettre de Bussy du 23 mars précédent, tome VIII, p. 547-
- ↑ 3. Cette terre avait été donnée en nue propriété à Mme de Grignan, par le contrat de mariage de Charles de Sévigné ; elle ne devait en jouir qu’après la mort de sa mère. Voyez la Notice, p. 259, 260, et la lettre de Charles de Sévigné, tome VII, p. 255 et suivantes. A la ligne précédente, le mot donné, sauté par Bussy, a été ajouté d’une autre main.
- ↑ 4. La belle-fille de Jeannin. Voyez au tome VIII, p. 314, la fin de la lettre de Mme de Sévigné à Bussy, du 9 décembre 1688.