Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

<4

Provence . ceux de ce pays-ci ne sont point si difficiles à comprendre : cela est vu en un moment ; mais vous, ma très-chère, vous êtes trop aimable, trop reconnoissante : vraiment c’est bien de la reconnoissance que tout ce que vous me dites ; je m’y connois ; c’est de la plus tendre et de la plus noble qu’il y ait dans le monde. Conservez bien vos sentiments, vos pensées, la droiture de votre esprit ; repassez quelquefois sur tout cela, comme on sent de l’eau de la reine d’Hongrie quand on est dans le mauvais air ; ne prenez rien du pays où vous êtes, conservez ce que vous y avez porté ; et surtout, ma chère enfant, ménagez votre santé, si vous m’aimez, et si vous voulez que je revienne[1].


1167. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Chaulnes, ce mardi 19è avril.

J’ATTENDS vos lettres : la poste arrive ici trois fois la semaine, j’ai envie d’y demeurer. Je commence donc à vous écrire, pour vous rendre compte de mes pensées ; car je n’ai plus d’autres nouvelles à vous mander : cela ne composera pas des lettres bien divertissantes, et même vous n’y verrez rien de nouveau, puisque vous savez depuis longtemps que je vous aime et comme je vous aime. Vous feriez donc bien, au lieu de lire mes lettres, de les laisser là, et de dire « Je sais bien ce que me mande ma mère ; » mais, persuadée que.vous n’aurez pas la force d’en user ainsi, je vous dirai que je suis en peine de vous, de votre santé, de votre mal de tête.

  1. 9. Ce dernier membre de phrase: « et si vous voulez, etc » manque dans l'édition de 1737.