Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur les goùts de Pauline[1]; je les ai eus avec tant d’autrès[2] qui valent mieux que moi, que je n’ai qu’à me taire. Il y a des exemples des bons et des mauvais effets[3] de ces sortes de lectures : vous ne les aimez pas, vous avez fort bien réussi ; je les aimois, je n’ai pas trop mal couru ma carrière ; tout est sain aux sains[4] , comme vous dites. Pour moi, qui voulois m’appuyer dans mon goût, je trouvois qu’un jeune homme devenoit généreux et brave en voyant mes héros, et qu’une fille devenoit honnête et sage en lisant Cléopatre[5] Quelquefois il y en a qui prennent un peu les choses de travers; mais elles ne feroient[6] peut-être guère mieux, quand elles ne sauroient pas lire : quand on a l’esprit bien fait, on n’est pas aisée à gâter[7] ; Mme de la Fayette en est encore un exemple. Cependant il est très-assuré[8] très-vrai, très-certain que M. Nicole vaut mieux ; vous en êtes charmée: c’est son éloge[9] ; ce que j’en ai lu chez Mme de Coulanges, me persuade aisément qu’il vous doit plaire. Si Dieu se sert de cet aimable livre pour vous donner son amour, vous serez bien heureuse et bien digne d’envie ; il me donne au moins la grâce d’être persuadée qu’il n’y a rien que cela[10] de véritablement souhaitable en ce

  1. 21. Sur les goûts de Pauline pour les romans. » (Édition de 1754.)
  2. 22. « Avec tant d’autres personnes. » (Ibidem.)
  3. 22. « Des effets bons et mauvais. » (Ibidem.)
  4. 24. C’est un mot de saint Paul, dans l’Épitre à Tite, chapitre 1, verset 15 Omnia munda mundis, « tout est pur aux purs. »
  5. 25. Le roman de la Calprenède dont il a été souvent question dans les premiers volumes.
  6. 25. « Mais ces personnes ne feroient. » (Édition de 1737.)
  7. 27. « Ce qui est essentiel, c’est d’avoir l’esprit bien fait : on n’est pas aisé à gâter. » (Édition de 1754.)
  8. 28. Les deux mots très-assuré manquent dans l’impression de 1754.
  9. 29. «C’est l’éloge de son livre. » (Édition de 1754.)
  10. 30. « Vous serez bien heureuse et bien digne d’envie si Dieu se sert