Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/372

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le fâcher[1] il a retrouvé autant de bien qu’il en avoit mangé, et beaucoup moins qu’il n’en mérite ; mais enfin il n’en seroit pas demeuré là, si Dieu ne l’arrétoit tout court au milieu de sa course ; et c’est de la tristesse de sa destinée qu’il faut plaindre notre marquis[2]; car si elle eût été aussi loin qu’elle devoit aller, il[3]se seroit fort bien passé de tous les autres secours; mais il faut revenir à Dieu et se soumettre, comme vous faites, et prendre sur vous15. « Et se soumettre, et prendre sur vous, comme vous faites, »(Ibidem.)

Monsieur[4], je vous demande mille pardons de tout ce que je prends la liberté de dire : pourquoi lisez-vous mes lettres? Est-ce que je parle à vous[5]?

Que dites-vous de tous ces beaux meubles de la duchesse du Lude et de tant d’autres qui vont après ceux de Sa Majesté à l’hôtel des monnoies ? Les appartements du Roi ont jeté six millions dans le commerce ; tout ensemble ira fort loin. Mme de Chaulnes a envoyé sa table avec ses deux guéridons et sa belle toilette de vermeil. L’abbé Bigorre m’a envoyé l’édit et le rehaussement des monnoies : ah !c’est cela qui vous enrichira, supposé que vos coffres soient pleins. Je viens d’écrire enfin à M. de Lamoignon[6] j’avois voulu faire cette chicane, et me contenter d’un compliment ; mais je m’en suis repentie. Pour nos lectures, ma chère fille, elles sont délicieuses.

  1. 12. Ce membre de phrase : « cela soit dit, etc » est seulement dans l'édition de 1754;
  2. 13. « Le marquis, » (Édition de 1754.)
  3. 14. « Notre enfant. » (Ibidem.)
  4. 16. « Monsieur le chevalier. » (Ibidem.)
  5. 17. Mot de Soyecourt. Voyez tome VI, p. 103, note 12
  6. 18. Voyez la lettre du 11 décembre précédent, p. 348.