Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/447

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de bénéfices[1]? J’entends votre réponse : le crédit des autres[2] va sur tout ; eh bien je le veux ; mais faites au moins comme le P. Gaillard, et comme chez notre voisin[3], où le récit fut trouvé plaisant au dernier point. Enfin, ma chère bonne, vous aurez votre enfant, pourvu néanmoins que ce voyage du Roi à Compiègne[4] ne trouble point celui de Provence. Il fait sa cour ; j’ai bien envie de recevoir de ses nouvelles ; il a été voir joliment Mme de la Fayette, il a été voir Mme de Chaulnes : peut-on mieux faire? Je voudrois bien qu’il n’oubliât point Mme de Lavardin, puisque vous aimez mes amies. J’ai entendu louer excessivement à votre mystique[5] le livre de la Fausseté des vertus humaines : il l’avoit vu en manuscrit ; il étoit ami de M. Esprit[6]110, et le consultoit sur ses ouvrages ; il vous a dit mille fois que ce livre étoit excellent ; mais vous ne l’écoutiez pas, non plus que les

  1. 5. Mme de Sévigné parle ici des deux prélats, beaux-frères de Mme de Grignan. Cette dernière partageait au fond les opinions de sa mère sur Messieurs de Port-Royal, mais la politique l’obligeait à dissimuler. Il faut rapprocher ce mot de celui qui échappa à Mme de Sévigné, en parlant de Mme de Bretonviliers. Voyez la lettre du 15 juin 1680, tome VI, p. 459 (Note de l’édition de 1818.)
  2. 6. Des jésuites.
  3. 7. Le P. Gaillard, comme nous l’avons dit, était jésuite. Le voisin est sans doute Lamoignon, chez qui la scène même s’était passée, et chez qui probablement avait aussi été lu le récit que CorbinelIi en avait fait à Mme de Sévigné.
  4. 8. Le Roi partit le 27 février de Versailles pour Compîègne, où il fit des chasses et passa des revues : il fut de retour le 7 mars. Voyez dans le Mercure de mars, p. 248-261, le journal de ce voyage à Compiègne.
  5. 9. Corbinelli voyez ci-dessus, p. 414-
  6. 10. Jacques Esprit, de l’Académie françoise, auteur du livre de la Fausseté des vertus humaines. (Note de Perrin.) Ce livre parut en 1678 ; il était dédié au Dauphin, avec cette devise extraite de Juvénal (satire X vers l41) Quis enim virtutem amplectitur ipsam? Voyez Madame de Longueville, par M. Cousin, tome I, p. 148 et 149, et Madame de Sablé, p. 124 et suivantes.