Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/472

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médiocres, et bons, comme vous dites, en cas de bouts rimés[1] En voilà de la Scudéry pour Coulanges : qu’en dites-vous ? je trouve qu’il n’est pas assez Raphaël pour qu’ils soient justes ; on dit que c’est son adieu[2] , et qu’elle s’en va doucement avec M. de Montausier. Il faut songer à ce voyage, ma chère bonne, quand on a déjà tant vécu; rien n’y fait tant penser que de lire, et de voir mourir tant de gens plus jeunes que l’on n’est[3] : enfin c’est la commune destinée. Mais que celle de M…..[4] est bizarre de s’abîmer à force de prêter à usure ! Je[5] croyois bien qu’on en étoit puni en l’autre monde, mais non pas dans

    Si la nuit du tombeau ne me venoit couvrir, Je souffrirais’pour vous ce que me fit souffrir L’ardeur de mon amour passée, Et je mourrois encor, si je pouvois mourir. ` Quant à ceux du jeu, il en a été question ci-dessus, p. 433.

  1. 37. « Pour des bouts-rimés. » (Édition de 1754.)
  2. 38. « Qu’en pensez-vous ? on dit que c’est son adieu, etc. » (Ibidem.) Montausier, comme nons l’avons dit, mourut à quatre-vingts ans, le 17 mai 1690 ; mais Mlle de Scudéry ne mourut qu’en 1701, à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans. Coulanges a inséré dans ses Mémoires les vers que Mlle de Scudéry lui avait adressés ; ils lui furent remis à Rome par l’abbé de Scudéry, neveu de Sapho. Quoi ? cette muse si jolie, Qui sait badiner sagement, Et toujours agréablement, Se taira-t-elle en Italie ? Je lui demande trait pour trait Un bon et fidèle portrait D’un pape que tout le monde aime. Je me connois bien en tableaux Cette muse en fait de très-beaux ; Sa manière, il est vrai, n’est pas toujours la même ; Jamais sur le Parnasse on ne vit rien de tel Elle est tantôt Callot et tantôt Raphaël.
  3. 39. « Rien n'y fait mieux penser que de lire et de voir mourir une infinité de gens plus jeunes que soi. »(Édition de 1754)
  4. 40. « Mais que celle de B…. » (Ibidem.) Sans doute ce trésorier dont il est parlé dans la lettre du 29 janvier précédent, p. 433.
  5. 41. Cette phrase ne se trouve que dans notre manuscrit.