Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/506

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avec toute la grâce et tous les tons nécessaires. Cela compose une personne non-seulement très-divertissante, mais très-charmante. Votre enfant partira bientôt. Vous avez vendu votre compagnie, comme on fait toutes choses, quand on n’est pas heureux[1]. C’est un grand bonheur que le Roi ait eu pitié de ces pauvres guerriers en leur ôtant leur vaisselle et retranchant leur table[2]. Je conseille au marquis d’obéir ponctuellement, et vous [3] de l’ordonner au maître d’hôtel. M. de Grignan écrira-t-il à son ami le maréchal d’Humières, sur la duché ? Je lui conseille, pour ne le point fâcher, d’écrire à la maréchale duchesse. C’est par là qu’on évite d’offenser son ami ou de s’offenser soi-même[4].

Voilà, ma chère bonne, une réponse de M. du Plessis. Je crois qu’elle vous fera plaisir, et qu’en même temps il vous fera pitié avec son sot mariage. Ma chère bonne, ayez soin de votre sang, de votre santé, je vous en conjure ; je ménage très-bien la mienne. J’ai déjà demandé à mes amies tous les secours[5] qu’ils nous ont déjà donnés. Je crois que la pension des menins[6] n’a point été retranchée ni reculée. Mille amitiés à Monsieur le chevalier.

  1. 21. Dans l’autographe : « quand on est pas heureux. »
  2. 22. La Gazette du 22 avril rapporte qu’ « on a publié une ordonnance du Roi pour régler la vaisselle d’argent et les tables des officiers des troupes de Sa Majesté dans ses armées. »
  3. 23. 11 y a bien vous, et non à vous, dans l’original.
  4. 24. En écrivant au maréchal lui-même, M. de Grignan l’aurait offensé en lui refusant le monseigneur. Il a été longuement parlé de cette grave question d’étiquette au tome IV, p. 62, et 94, 95, et au tome VII, p. 153, 156, etc.
  5. 25. Nous reproduisons le texte de l’autographe. Faut-il changer amies en amis, ou qu’ils en qu’elles ?
  6. 26. Dans l'édition dé 1814, la première où cette lettre ait paru, on avait substitué ce non-sens : «  la pension des mémoires,  » à : « la pension des menins. » Nous n’avons pas besoin de rappeler que le chevalier de Grignan était un des menins.