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monde n’est plus glorieux et plus estimable que la chaleur avec laquelle il l’assiste.

Il y a huit jours que nous en passâmes deux à Toulongeon avec Monsieur d’Autun ; je lui fis vos adieux et vos excuses, qu’il reçut avec ses façons ordinaires ; je vous assure, ma chère cousine, que ces manières-là sont fort incommodes. Il faut dire la vérité, Monsieur d’Autun à bien conduit sa fortune, et la fortune l’a bien conduit aussi ; il a eu l’amitié et la confiance de beaucoup de gens illustres ; il a grand honneur à la réforme de son diocèse ; il conte agréablement, il fait bonne chère ; mais il n’est point naturel, il est faux presque partout. Il n’a nulle conversation, nulle aisance dans le commerce ; il contraint les autres parce qu’il est contraint ; il est sur la régularité de ses devoirs comme étoit M. de Turenne sur sa principauté, toujours en brassières.[1]

Adieu, ma chère cousine ; je vous laisse avec le Gentilhomme de l'arrière-ban c’est une pièce nouvelle de M. Pavillon [2]qui vous fera plaisir : elle est de saison.

  1. 5. Brassières, espèce de petite camisole qui sert à tenir le corps en état. On dit figurément, que quelqu’un est en brassières, qu’on le tient, qu'on le met en brassières, pour dire qu’il est dans un état de contrainte, qu’il n’a pas la liberté de faire ce qu’il voudroit. » (Dictionnaire de l'Académie de 1718.)-- La lettre s’arrête ici dans notre manuscrit. Elle a été omise tout entière dans la première édition (1697). La suite se trouve dans les Nouvelles lettres de Bussy (1709), 2ème partie, p. 378-380.
  2. 6.Etienne Pavillon, neveu de i’évêque d’Aleth, né en 1631 à Paris, quelque temps avocat général à Metz, successeur de Benserade à l’Académie française en 1691, successeur de Racine à celle des Inscriptions, mort en janvier 1705. Ses vers ont été recueillis en un volume à la Haye (1715), republiés en 1720 à Amsterdam et à Paris, et encore à Paris en 1747. Il « mourut vieux à Paris. assez pauvre et point marié. C’étoit un homme infirme, de beaucoup d’esprit et fort agréable, qui avoit toujours chez lui une compagnie choisie, mais excellente, où alloient même des gens considérables, un fort honnête homme et qui fut fort regretté, (Saint-Simon, tome IV, p. 418.)