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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/76

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moins de beauté, j’ai senti cet état et ses prospérités; mais, comme vous dites, il vient un temps où il faut changer de style : on trouve qu’on a besoin de tout le monde ; on a un procès, il faut solliciter, il faut se familiariser, il faut vivre avec les vivants, il faut rétrécir son esprit d’un côté, et l’ouvrir de l’autre : pour moi, je trouve que l’esprit des affaires que vous avez est une sorte d’intelligence qui est cent piques au-dessus de ma tête, et je l’admire.

Il fait un temps affreux, une pluie, un vent, un froid : plus de promenades ;envoyez-nous de votre chaud, de votre soleil ; nous vous remercions de votre bise, c’est une trop grande compagnie.

1183. DE MADAME DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN ET AU CHEVALIER DE GRIGNAN

Aux Rochers, mercredi 8è juin.

A MADAME DE GRIGNAN.

Je[1] reçus lundi 6e, à dix heures du matin, ma chère bonne, votre lettre du 28e ; c’est le huitième jour, cela est honnête. Je trouve le temps long depuis ce lundi jusqu’au vendredi. Cela fait souhaiter des postes trois fois la semaine ; et ce qui me fait prendre patience, c’est que vous en êtes moins fatiguée.

Yous prenez, ma bonne, une fort honnête résolution d’aller à votre terre d’Avignon, voir des gens qui vous donnent de si bon cœur ce qu’ils donnent au vice-légat ; il est juste qu’ils aient le plaisir et l’honneur de vous

  1. LETTRE 1183 (revue en entier sur une ancienne copie). 1. Ce premier alinéa ne se trouve que dans notre manuscrit.