je vous manderais ce que cette duchesse me mandait. Écrivez-lui donc tout bonnement comme ayant su de moi ce qu’elle écrit de vous. Après tout, vous devez conserver cette liaison ; ils vous aiment, et vous ont fait plaisir ; il ne faut pas blesser la reconnaissance. J’ai dit que vous étiez obligé à l’intendant[1]. Mais je vous dis à vous, mon enfant, cette amitié ne peut-elle compatir avec vos anciens commerces et du premier président et du procureur général ? Faut-il rompre avec ses vieux amis, quand on veut ménager un intendant ? M. de Pommereuil n’exigeait point cette conduite. J’ai dit aussi qu’il vous fallait entendre, et qu’il était impossible que vous n’eussiez pas fait des compliments au procureur général sur le mariage de sa fille. Enfin, mon enfant, défendez-vous, et me dites ce que vous aurez dit, afin que je vous soutienne.
Ceci est pour mon bon président :
J’ai reçu votre dernière lettre, mon cher président ; elle est aimable comme tout ce que vous m’écrivez. Je suis étonnée que Dupuis ne vous réponde point, je crains qu’il ne soit malade.
Vous voilà trop heureux d’avoir mon fils et notre marquise. Gouvernez-la bien, divertissez-la, amusez-la ; enfin, mettez-la dans du coton, et nous conservez cette chère et précieuse personne. Ayez soin de me faire savoir de ses nouvelles ; j’y prends un sensible intérêt.
Mon fils me fait les compliments de Pilois[2] et des ouvriers qui ont fini le labyrinthe. Je les reçois, et je les aime, et les remercie. Je leur donnerais de quoi boire si j’étais là.
Ma fille, et votre idole, vous aiment fort ; et moi par-dessus tout. Adieu, mon bon président : mon fils vous fera part de ma lettre. J’embrasse votre tourterelle.
314. — DE Mme DE sÉVIGNÉ À M. DE COULANGES.
Je viens d’écrire à notre duc et à notre duchesse de Chaulnes ; mais je vous dispense de lire mes lettres, elles ne valent rien du tout. Je défie tous vos bons tons, tous vos points et toutes vos virgules, d’en pouvoir rien faire de bon : ainsi laissez-les là ; aussi