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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES DE CHIMIE AGRICOLE.

relles d’enrichissement en azote n’existent pas, ou, si elles s’exercent, sont incapables de lutter contre les causes de diminution.

Enrichissement du sol en azote. — Au contraire, un certain nombre de résultats agricoles fort bien établis conduisent à des conclusions complètement opposées. Diverses cultures pratiquées sans engrais enrichissent le sol en azote, alors même qu’on y prélève de copieuses récoltes. Ce sont principalement les légumineuses fourragères, sainfoin, trèfle, vesce, jarosse, luzerne, et, chose bien digne de remarque, ces plantes sont précisément celles dont la récolte enlève le plus d’azote :

80 kilogrammes (par hectare), pour le sainfoin ;
90 pour les vesces ;
160 pour le trèfle ;
200 et jusqu’à 300 kil. pour la luzerne.

Malgré ces prélèvements énormes, on constate que la quantité d’azote s’accroît réellement dans le sol actif. Dans une terre de Grignon, cultivée en sainfoin sans engrais, la proportion d’azote s’est élevée, en cinq ans, de 1gr47 à 1gr7 par kilogramme (P.-P. Déhérain). De là le nom de plantes améliorantes qu’on donne fréquemment aux légumineuses fourragères.

Les gains d’azote ainsi réalisés par la couche arable et par les récoltes qu’elle supporte, sont ici fort grands et semblent démontrer la réalité de causes naturelles favorables, dont l’exemple tiré des cultures de blé nous avait fait douter.

En présence de faits aussi dissemblables, l’opinion s’est divisée entre plusieurs théories opposées qui ont suscité de vives discussions et provoqué de nombreuses expériences contradictoires.

Théorie de la fixation de l’azote sur les plantes.