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DE CHIMIE AGRICOLE.

encore mettre à part, celles qui, à la manière de l’azote organique, fournissent pour ainsi dire un revenu normal de substance assimilable, en vertu de leur transformation régulière, et celles qui au contraire ne deviendront capables de fournir ce revenu, qu’après une longue série d’années, peut-être même de siècles.

En d’autres termes on peut concevoir trois formes distinctes pour les diverses substances :

1° Assimilables à bref délai ;

2° Lentement assimilables, ce serait la réserve actuelle ;

3° Non assimilables, ce qui constituerait la réserve séculaire.

Malheureusement la distinction pratique entre ces trois états est loin d’être aisée : nous savons assez mal comment se fait l’absorption par les racines, et il est dès lors bien difficile de savoir où commence et où s’arrête l’assimilabilité ; la séparation de la réserve active et utile de celle que nous avons appelée réserve séculaire serait encore plus difficile.

De là résultent des écarts très importants dans les appréciations d’un même sol par les divers agronomes.

Certains ont proposé de ne considérer comme immédiatement assimilables que les principes solubles dans une grande quantité d’eau pure. Les nitrates sont bien réellement dans cette catégorie ; mais on n’y trouverait jamais d’acide phosphorique, et les doses de potasse ainsi accusées seraient minimes, à cause du pouvoir absorbant qui retient énergiquement sur les particules de terre les sels potassiques solubles dans l’eau.

Il vaudrait mieux sans doute, au lieu d’eau pure, employer comme dissolvant, l’eau chargée d’acide carbonique.

Mais cette restriction n’est guère acceptable, car l’absorption radicale ne s’exerce pas habituellement par l’intermédiaire d’un liquide, mais à sec, sans doute