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DE CHIMIE AGRICOLE.

jachère, telles que les pois, les lupins, les vesces, qui alternaient avec le blé, sans porter à celui-ci un préjudice notable. Virgile, dans ses Géorgiques indique nettement cette pratique ; il précise quelles plantes peuvent ainsi succéder au froment, tandis que d’autres, comme l’avoine ou le lin, brûleraient le sol, à moins, dit le poète, qu’un fumier gras ou les sels de la cendre ne viennent ranimer sa vigueur épuisée.

C’est sans doute le hasard qui avait fait connaître les bons effets de ces engrais qui, du reste, n’étaient pas les seuls employés par l’agriculture romaine. Virgile recommande pour l’amendement des vignes d’y porter des débris de coquillages, et l’usage des marnes pour améliorer certains sols semble remonter à la même époque.

On avait déjà fait sur la nature des terres des observations utiles, l’expérience ayant montré que tel champ convenait plus spécialement à telle ou telle culture. On savait qu’il est bon de dessécher les sols trop humides, d’irriguer les sols trop secs. On savait aussi que la semence dégénère quand on n’y prend garde, et le principe si fécond de la sélection des graines à semer, se trouve énoncé clairement au premier livre des Géorgiques.

Le moyen âge oublia plus qu’il ne perfectionna. Les vieilles pratiques romaines ne furent reprises qu’au seizième siècle, qui ouvrit pour l’agriculture une ère de progrès incessants. Les assolements furent variés ; des plantes nouvelles, mises en grande culture, vinrent apporter aux céréales un concours précieux pour la nourriture des hommes ou l’alimentation des animaux. Malheureusement ce ne furent encore que des conquêtes de détail ; dans l’ensemble, l’agriculture du dix-huitième siècle n’était pas beaucoup plus avancée que celle de Virgile, parce qu’elle reposait surtout sur l’empirisme et les idées a priori.