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La ville et sa population.

« C’est une très-jolie ville s’étendant sur le rivage comme un long ruban barriolé ; une rivière la traverse et la divise en deux parties distinctes, la ville du commerce et la ville de plaisance. — La première comprend tous les établissements et les comptoirs ; elle offre la plus grande activité, ses rues sont longues, bordées de trottoirs à arcades et parcourues en tous sens par la population la plus variée, la plus hétérogène qu’il soit possible de rencontrer. Sous ce dernier rapport, Singapour est une vraie lanterne magique ; les chinois y dominent ; on en compte 60,000 dans toute l’île, dont 25,000 à Singapour sur une population de 38,000 âmes. Toutes les boutiques de serruriers, de charronnages, d’armuriers, de cordonniers, de tailleurs, la plupart des grandes maisons de commerce, des principaux propriétaires, tout cela est chinois. Actifs, patients, extrêmement sobres et très-économes, les chinois travaillent nuit et jour, aucun métier ne leur répugne ; ils dépensent fort peu pour leur entretien, sont peu payés et finissent pourtant par s’enrichir ; aussi, ont-ils de grands avantages sur les autres nations qui viennent commercer à Singapour. Ils sont très-amis entre eux, et si par cas, malgré leur persévérance, ils périssent à la peine, d’autres les remplacent et parviennent au but.

« Les Malais viennent après les Chinois ; ils sont principalement adonnés à la navigation. Presque tout le cabotage de Singapour est exploité par les Malais. Brave et hospitalier, le malais se laisse facilement emporter par ses