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l’aspect des poiriers sauvages et ne parviennent pas à de grandes dimensions. Leur fruit est semblable à la poire pour la forme et la couleur ; la noix minuscule est le noyau du fruit ; elle est entourée d’une pulpe assez épaisse, verdâtre à l’extérieur et blanche au dedans. La noix, qui est brune, est recouverte d’une pellicule d’un très-beau rouge découpé à jour comme une dentelle. Les jeunes plantes sont garanties du soleil par une toiture en joncs supportée par des montants en bois, de sorte que, vue de loin, une nouvelle plantation de muscadiers ressemble à un village de sauvages avec ses cases.

L’agriculture de Singapour est presque entièrement confiée aux Chinois, le peuple agriculteur par excellence, qui, malgré sa routine et ses connaissances arriérées, a pourtant beaucoup d’inventions fort ingénieuses et totalement inconnues des Européens. Plusieurs négociants de la ville possèdent aussi de jolies fermes exploitèes par des malais.

Tigres.

« La végétation de l’île de Singapour est luxuriante et contribue à embellir le paysage. L’île possède quelques forêts vierges, aux arbres variés ; mais en général, les terrains encore incultes sont couverts de bois taillis où pullulent les tigres qui viennent de la presqu’île de Malacca en traversant à la nage le petit détroit d’un quart de mille de largeur. Ces tigres sont de la plus belle espèce et atteignent quelquefois jusqu’à 12 pieds de tête en queue. On trouve aussi dans l’île la panthère noire. Les chinois cultivateurs