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épilogue.

peine la cinquantaine. — Toujours fort et vigoureux, les traits de son visage se sont mieux accentués ; il porte toujours barbe et moustaches comme la dernière fois que je le vis ; ses yeux brillent à travers ses lunettes comme deux flammes. Sa chevelure est restée châtain ; il porte toujours le même costume qu’il a adopté il y a plus de vingt ans : veston, pantalon et gilet du même drap léger et de couleur grise, chapeau mou à larges bords et souliers à la Molière.

Cet intrépide touriste, si l’on peut appliquer ce nom à un voyageur sans prétentions, pérégrinomane par fantaisie, j’allais presque dire par instinct, sachant d’avance parfaitement oú il va bien avant d’arriver, fin critique, bon observateur et d’un jugement droit, joignant la santé d’esprit à la santé du corps, comme disaient les anciens : mens sana in corpore sano, racontant les choses telles qu’il les a vues et les appréciant souvent non comme elles sont, mais comme elles devraient être ; cet ami si avenant, en un mot, j’ai pu passer quelques mois avec lui, avoir souvent à ma table ce brillant convivre de si bon entrain, ce conteur agréable, d’une conversation toujours variée