Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
journal

rettes pour la journée. Il fait cette petite besogne consciencieusement, gravement, avec méthode. Il a un domestique qui ne le perd jamais de vue soit de nuit, soit de jour et qui en prend un soin extrême. Tous ses compatriotes ont pour ce vieillard beaucoup d’égards et de vénération. Sa belle tête est à peindre quand, l’après-midi, il s’assied sur le devant de la dunette et lit tranquillement des histoires.

29 mai 1852.
En vue des côtes de la Malaisie.

« Il était onze heures du matin lorsque nous aperçûmes les côtes de la presqu’île Malaise. Nous en sommes éloignés encore de plus de 20 milles et cependant la brise nous arrive toute parfumée de douces senteurs. Ce n’est plus la Chine, sèche, plate, aux arbres rabougris ; ici, au contraire, nous dit-on, les arbres croissent jusque dans la mer. Mais voilà qu’à la nuit le calme nous arrête : vers quatre heures du matin, une petite brise fraîche nous arrive de terre, dont nous ne sommes plus éloignés que de 3 à 4 milles. On aperçoit déjà distinctement les deux mamelons de l’extrémité de la presqu’île de Malacca.

30 mai.
Toujours à la vue des côtes.

« Le calme est encore revenu ; un courant rapide nous éloigne du fanal de Pédro-Branco et nous sommes obligés de mouiller par 20 brasses de fond. Pedro-Branco est un récif dangereux sur lequel M. de Rienzi se perdit en 1827. Cette roche n’a guère que 150 pieds de long et ne s’élève que 15 pieds au-dessus de l’eau ; elle est entourée de brisants et presque entièrement