» Un beau soir, un caporal nouvellement promu — un vrai païen, — un paysan, est chargé de conduire la patrouille. J’étais comme à l’ordinaire avec la mia cara, lorsque des crosses de fusil retentissent tout à coup sur le pavé. Le mari, qui était à la maison, saute à bas de son lit, ouvre la fenêtre et crie : — Que se passe-t-il donc ?
— C’est la patrouille qui attend le lieutenant Birkewitz, répond à haute voix mon caporal.
» Je vous laisse à juger de « l’effet moral » et de quelle façon je descendis les escaliers. Le mari m’éclaira jusque dans la rue. La cuisinière, la femme de chambre, la nourrice et le domestique faisaient tous la haie, leur bougie à la main. Une vraie promenade aux flambeaux !
» Naturellement l’aventure s’ébruita.
» À telle enseigne que Son Excellence le comte Giulay ne put s’empêcher de sourire, un jour que je me trouvais dans un dîner à la même table que lui.
» Et par-dessus le marché, l’Italien, le croiriez-vous, écrivait à mon colonel une lettre en allemand, anonyme, bien entendu, une lettre faite pour m’exaspérer :
« Signor conte, ce n’était pas par amore que la signora souffrait les visites de votre lieutenant. C’était pour le poignarder comme Judith poignarda il generale Oloferne. »
» Depuis lors je devins pour toute l’armée italienne et je restai le lieutenant Holopherne… Comprenez-vous maintenant ce que c’est que « l’effet moral » ? Mais… pst !… voilà mon chien Black qui tombe en arrêt. Il flaire quelque chose. Apprêtez-vous. »