maison de prières, il entend par là le temple que les fidèles lui ont élevé. »
Mais Pintschew n’était pas homme à se laisser interrompre pour si peu. Il commença à vociférer et à hurler comme un malheureux qui appellerait à l’aide, à la fenêtre d’une maison incendiée.
« Non, mille fois non, répétait-il, Dieu ne dit pas leur maison, mais ma maison de prières. Il s’ensuit que Dieu a un temple, et, s’il a un temple, il est probable qu’il y prie.
— Et serais-tu assez aimable pour me dire ce que Dieu demande dans sa prière ? objecta Mintschew en effeuillant une rose et en promenant voluptueusement les pétales sous ses narines. Allons, parle, puisque tu es un savant, puisque tu te crois un Jlau[1].
— Certainement, je parlerai, repartit Pintschew, pâle et tremblant de tous ses membres.
— Eh bien ! que demande l’Éternel ?
— Le Talmud…
Ici la voix de Pintschew sifflait à peine entre ses dents.
— Le Talmud rapporte dans le Tractat Barachol, ix, que Dieu s’adressa la prière suivante :
« Je désire que ma colère soit dominée par ma compassion. »
— Assez ! interrompit Mintschew, assez ! Ne sens-tu pas, monstre, que tu offenses Dieu ?
— Moi… je… j’offense Dieu !… »
Pintschew s’approcha de Mintschew, prêt à lui arracher la barbe.
« Ne comprends-tu pas que tu abaisses Dieu en pré-
- ↑ Rabbin.