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Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/61

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PINTSCHEW ET MINTSCHEW.

Mintschew ouvrit les yeux, ses beaux grands yeux foncés, qui, à ce moment, brillaient d’une clarté surnaturelle, et souriaient naïvement comme des yeux d’enfant :

« Mon petit Pintschew, dit-il d’une voix faible, en prononçant distinctement chacune de ses paroles, sûrement le Talmud ne présente pas ce Rabbi Jochanan comme un exemple à suivre, pas plus que Jacob qui trompe son père, ou David, dans sa conduite à l’égard d’Urias.

— Il blâme les saints hommes de Dieu maintenant ! s’écria Pintschew. Quel monstre !

— Je les blâme encore plus que les autres lorsqu’ils agissent mal, repartit Mintschew, dont la voix résonnait, douce et mélodieuse ; car la morale juive, mes amis, est aussi pure et transparente que le cristal. Personne ne peut dire qu’il ne la comprend pas, surtout un homme pieux qui cherche à faire la volonté de l’Éternel. « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face, » dit le psaume viii, 10. Cela, le Talmud le confirme aussi. Quels dieux menteurs peuvent habiter le cœur humain, sinon les mauvaises tentations ? Et ce commandement donc : « Tu ne convoiteras pas ce qui est à ton prochain, » le Talmud l’explique en interdisant de souhaiter ce qui ne vous appartient pas.

— C’est vrai, très vrai, affirma Pintschew ; mais les hommes les plus purs n’ont pas été exempts de péchés. Voici ce qu’on lit dans le Talmud, traktas baba bathra : « Rabbi Banaï étiquetait les tombeaux. Lorsqu’il arriva au tombeau du patriarche Abraham, il y rencontra le serviteur Éliézer devant la porte : « Que fait Abraham ? lui demanda-t-il. — Abraham, répondit Éliézer, est assis aux genoux de Sara, qui lui nettoie la tête. » Et cela