Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

UN JOUR ET UNE NUIT

DANS LA STEPPE


LE JOUR

Je partis pour la steppe, dans l’espoir d’y tirer quelques outardes. Cette chasse ne laisse pas que d’offrir un très grand charme. L’outarde n’est pas de ces espèces de volatiles dont les chasseurs font peu de cas ; c’est certainement le plus grand de tous nos oiseaux. Longue de quatre pieds, elle mesure, les ailes étendues, sept pieds d’envergure ; elle pèse de vingt à trente livres ; sa démarche altière et sa longue barbe blanche en font un sujet absolument remarquable.

Il n’est pas facile de s’en emparer. Pour lui couper la retraite, on est obligé de recourir à toutes sortes de ruses. Les outardes, il est vrai, s’abattent en grandes volées dans les champs des paysans et témoignent un goût particulier pour les graines de choux et de carottes, mais il n’est pas de créatures plus farouches. À l’approche d’un chasseur ou de tout autre personnage suspect, elles prennent leur vol, s’élèvent à plus de cinq cents mètres. Elle paraissent avoir conscience de leur fai-