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L’ENNEMI DES FEMMES

— Diogène cherchera à se venger.

— Soyez tranquille, chère enfant, dit Nadège avec amertume, je connais sa finesse et son habileté, il se vengera sur d’autres, non sur vous.

— D’ailleurs, reprit Petrowna, vous me conseillerez encore. Toujours vous serez là.

Le front de Nadège s’assombrit de nouveau.

— Il se peut que je quitte le pays, dit-elle d’une voix assombrie.

— Vous ! pourquoi ?

— Oh ! ce ne serait pas volontairement.

— Vous feriez un voyage ? Vous partiriez bientôt ?

Madame Ossokhine hésitait à répondre. Petrowna, devant une résistance imprévue, allait reprendre ses habitudes d’enfant mutine et volontaire, quand la porte s’ouvrit, et le vieux Gaskine entra dans le salon.

Cette fois, il n’apportait aucune offrande. Il était très ému, très inquiet ; il vint droit à Nadège et lui dit :

— J’arrive de Lemberg… Je sais la nouvelle…

— Nous parlerons politique plus tard, monsieur Gaskine, dit Nadège ; puis se tournant vers Petrowna :

— Ne connaissez-vous pas, ma chérie, M. Jaroslaw ?

— Sans doute, madame.

— Voilà son père, un de mes amis. Je veux qu’il soit le vôtre. — Eh bien, monsieur Gaskine, reprit-elle, à quand les fiançailles ?

— Oh ! rien ne presse !