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L’ENNEMI DES FEMMES

pour recevoir les envoyés des rois, en souffrant seulement que le fonctionnaire s’assit devant lui.

— Je croyais, balbutia le diplomate, que la personne chargée de remplacer madame Ossokhine était une femme.

— Une vieille fille ! interrompit Gaskine ; mais elle m’a cédé la place. Oh ! vous ne perdez pas grand’chose ; nous sommes du même âge.

Le secrétaire ne pouvait reculer. Il s’imagina d’ailleurs qu’il aurait plus facilement raison de ce paysan mal dégrossi que d’une femme. Il venait, dit-il, causer, avec le principal journal du Cercle, des prochaines élections.

Gaskine ne parut pas effarouché.

— Est-ce que vous avez des candidats à nous donner ? demanda le paysan.

Le messager répliqua qu’il n’entrait pas dans l’intention du gouverneur d’imposer ses choix. Il pensait seulement que madame Ossokhine, si cruellement éprouvée, par suite d’un méfait dont elle n’était peut-être que la complice, saurait comprendre qu’il était plus avantageux pour elle et pour son journal de paraître incliner du côté des candidats du gouvernement que du côté de ceux de l’opposition. On ne lui demandait pas de palinodie ; l’impartialité du journal suffisait.

— Ce ne serait pas assez d’être impartial — répondit le vieux Gaskine, du ton le plus naïf qu’il put prendre. — Puisque vous nous voulez du bien, nous serons reconnaissants. Je m’engage, pour le jour-